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Une marche à travers l'Europe

(en cours)
Récit d'une traversée d'Europe à pieds en solitaire et par les montagnes, du détroit de Gibraltar à Istanbul.
randonnée/trek
Quand : 19/02/23
Durée : 500 jours
Distance globale : 6642km
Dénivelées : +184825m / -182636m
Alti min/max : -1m/3013m
Carnet publié par SamuelK le 08 oct. 2023
modifié le 20 mai
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Précisions : Pour me rendre au départ : bus de Bordeaux à Tarifa. Pour le retour : en voilier par la méditerranée ?
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Vue d'ensemble

Le topo : Les Alpes : Bolzano > Vallone Popera (les Dolomites) (mise à jour : 09 oct. 2023)

Distance section : 133km
Dénivelées section : +7575m / -5703m
Section Alti min/max : 265m/2905m

Description :

04/09/2023 > 11/09/2023
143 km ; D+ 9,7 km ; D- 8,0 km

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Le compte-rendu : Les Alpes : Bolzano > Vallone Popera (les Dolomites) (mise à jour : 09 oct. 2023)

Après ces deux jours à Bolzano, je quitte la ville en direction des Dolomites, ce massif mythique situé trente kilomètres à l'Est de Bolzano. Après quelques heures de marche, l'impression d'avoir de la fièvre et des nausées se confirme et je dois me rendre à l'évidence : je suis tombé malade. Je ne m'en étais pas rendu compte en partant ce matin. Si j'avais su je serais resté une nuit de plus à l'auberge, mais je ne vais pas faire demi-tour : la sortie de Bolzano était longue et pénible en longeant l'autoroute bruyante, et même dangereuse lorsque je devais marcher sur la route sans bas-côté. Je regarde rapidement les hébergements à proximité sur internet : que des gîtes à 200€ la nuit, option écartée. Je prends des médicaments et continue de marcher voire jusqu'où ça me mène. Je me sens seul au milieu de toute cette "richesse" manifestée par de grandes villas, de grandes voitures, de hôtels-restaurants réservés à celles et ceux et qui ont de grands moyens, et moi qui, c'est rare, peine à trouver un endroit où bivouaquer au milieu de tout ça. Les médicaments contiennent la fièvre et la nausée, je suis fatigué mais j'avance en mode machine et finis par m'arrêter à la tombée de la nuit pour dormir à la belle étoile au bord d'un chemin à l'entrée des Dolomites.

Je dors bien et le lendemain bien que ce ne soit pas la pleine forme, je ne me sens plus malade. Je pénétre davantage dans la montagne et dans cette première section du parc où je découvre alors la réalité touristique des Dolomites. Bien sûr je savais que ce massif réputé est touristique et fréquenté, plus encore que les régions des Alpes entièrement dédiées au tourisme que j'ai déjà traversées, mais j'imaginais tout de même pouvoir découvrir et apprécier ces fameuses montagnes. Honnêtement je ne soupçonnais pas possible l'ampleur de la démesure de ce tourisme de masse. En pleine montagne et à plus de 2000m d'altitude, il y a tous les deux kilomètres des hôtels-restaurants appelés "refuges" pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes. Les sentiers sont abondamment fréquentés par des touristes de tous horizons qui pour beaucoup découvrent visiblement la montagne pour la première fois dans les Dolomites. Ainsi nous marchons à la queue-leu-leu, et toutes les demi-heures il y a la possibilité de commander un spritz en terrasse avec des centaines de congénères mais personne ne s'adresse la parole. Voilà, le confort et les habitudes d'un centre-ville en altitude, pour "faire les Dolomites" pendant quelques jours de vacances. Ce qui me frappe et me touche le plus, ce n'est pas que d'autres n'aient pas les mêmes habitudes et envies que moi, c'est de mettre tout ça en place pour ça. Venir en avion de loin pour quelques jours, construire autant d'infrastructures, attirer tout ce monde par des campagnes de pub, dépenser des sommes immenses en promesse d'une expérience de montagne, pour finalement galérer à marcher quelques kilomètres car on a pas l'habitude, jeter un coup d'œil sur le paysage et dans ces conditions, je pense que c'est comme le regarder à travers une vitre, comme regarder une image sans ressentir que l'on est dedans. Personnellement même en marchant depuis des mois et en traversant les Dolomites à pieds, c'est la sensation que j'ai. Pourquoi venir dans les Dolomites à tout prix ? Surtout pour celles et ceux dont c'est une première expérience, pourquoi commencer par là ? Cela renforce l'idée qu'il faut aller loin et dans les lieux à priori les plus grandioses pour ressentir une émotion face à la nature, et que ces lieux doivent alors à tout prix être accessibles à tout le monde. Oui à tout prix, donc en réalité à celles et ceux qui en ont les moyens. Les jours qui suivent ne font qu'enfoncer ma vision de cette réalité.

Après les hôtels-restaurants d'altitude, je découvre les hôtels-restaurants carrément sur les plus hauts sommets à 3000m d'altitude, accessibles en téléphérique depuis les vallées. On a vraiment eu le délire mégalo de se dire : on va mettre des gros bâtiments sur les plus hauts sommets visibles de loin, pour le kiff de se faire un resto à 3000m avec vue panoramique, car comment se faire plaisir sinon, et tant pis pour le coût énergétique et le paysage, aucun garde-fous. Le troisième jour je me réveille peu avant la ville de Colfosco et mince, la fièvre partie est revenue. Je suis à nouveau malade et fatigué. Je comprends qu'il me faut une journée complète de repos pour que la fièvre s'en aille pour de bon. Je regarde tout de même les hébergements à proximité : toujours rien à moins de 200€. Je traverse la ville et effectivement, il n'y a que des infrastructures touristiques : magasins de sport tendances, agences d'excursions sportives et hôtels luxueux, le tout recouvert de bois pour donner un aspect "montagne". Je rêve d'une simple auberge comme j'en avais croisées à deux reprises lors de ma traversée des Pyrénées et où je m'étais arrêté. Un dortoir, une salle de bain, une salle commune, pourquoi pas un petit bar-épicerie, le tout tenu par une ou deux personnes sympathiques. On est content de payer les 15€ pour la nuit, de se reposer et de pouvoir échanger une discussion. Je n'ai rien besoin de plus que d'un petit espace à l'abri du vent et du soleil pour me reposer une journée, mais cela n'existe pas ici. Je vois finalement qu'il y a un camping où je peux m'installer en plein soleil au bord de la route. Je sens que je vais y finir même si ce ne sera pas agréable ni optimal pour me reposer, et que la nuit reviendrait moins chère par personne à deux dans un camping-car que moi sous mon tarp... Et puis merde, je n'ai pas envie de rester là même si je suis malade. Je vois qu'il y a une cabane à 10km et 1000m plus haut. J'attends la réouverture d'un supermarché et repars à 16h, me disant que je bivouaquerai pas loin hors de la ville et que j'irai me reposer le lendemain dans la cabane. Finalement, j'irai jusqu'à la cabane le soir-même. Je mets 4h à gravir ces 10km, dont la fin sur du pierrier en portant 5L d'eau, car d'après ma carte il n'y en aura pas à proximité de la cabane. Je finis en marchant à pas très lents, le corps fatigué par mon état fiévreux. J'ai l'impression d'avoir la démarche d'une personne très âgée. J'arrive pile à la tombée de la nuit et découvre mon hébergement : une cabane en bois assez grande avec à l'intérieur tables et bancs, et c'est tout. C'est parfait, la cabane est très saine, aucune crotte de souris ni de toile d'araignée (c'est assez rare pour le souligner). Il n'y a effectivement pas d'eau à proximité mais je n'aurai pas à aller en chercher demain, et il y a une belle vue à 180°. Quelle paisibilité, je vais être bien ici pour me reposer. Je suis fier d'être monté jusqu'ici dans mon état et surtout très satisfait d'avoir dit merde au camping. Une belle surprise m'attend : en regardant les étoiles avant d'aller me coucher, j'entends des sons inédits au loin venant d'une forêt. Oui ce doit bien être ça, ça ressemble aux enregistrements que j'ai pu écouter : j'entends pour la première fois de ma vie le brame du cerf. Ils sont assez loin mais je les entends bien. Ils semblent être nombreux. C'est impressionnant, je suis content et ému, gratifié de ce cadeau comme une récompense. Dans mon sac de couchage la porte de la cabane fermée, je les entends toujours et m'endors avec eux.

Je parviens à faire une longue nuit de sommeil, et pour une fois je suis content de me lever tard. Génial, la fièvre est complètement partie. Mais je sens que mon corps a besoin d'une journée de repos pour bien repartir, et une deuxième bonne nuit par dessus me remettra en pleine forme. J'aime toujours autant les jours off en cabane. Je passe du temps dehors, je prends des photos, j'ai un peu de couture à faire que je procrastinais, je fais la sieste. C'est curieux comme on pourrait imaginer qu'une cabane en libre accès dans les Dolomites pourrait être convoitée et comble, mais elle n'intéresse visiblement personne, la plupart des promeneurs que je vois passer ne regardent même pas à l'intérieur. Personne ici n'imagine dormir là-dedans, tout le monde est à l'hôtel, en vallée ou en altitude. En fin de journée pourtant un couple italien arrive, un peu paniqué. Ils ont mal estimé leur ballade et ont peur que la nuit tombe avant de regagner leur voiture, mais n'ont rien pour dormir. Ils hésitent et décident de rester ici passer la nuit. Je perçois que cette situation leur est autant angoissante qu'excitante, inédite en tout cas et vraiment hors du commun. J'essaye alors de voir la situation à travers leurs yeux, de ressentir ou comprendre la folie qu'ils vivent, et de voir alors ce que fait le français avec eux comme incroyable ou même inconcevable. Effectivement, apprendre que demain je compte dépasser une ville à 20km d'ici et que je ne sais pas où je dormirai leur semble irréel, plus que le fait que je traverse l'Europe d'ailleurs. Ainsi nous mélangeons chacun notre réalité et celle de l'autre, pour peut-être en retour déplacer légèrement nos perceptions de nous-même et de l'autre. J'aime cet exercice de pensée. Essayer de comprendre la folie qu'ils vivent ce soir, de réaliser l'aspect inconcevable et inconnu de ce que je vis pour d'autres, et d'adopter un regard moi-même ému par ce que j'entreprends. C'est ce dernier point le plus difficile. Je me sens souvent dans une zone de confort avec un sentiment de marcher pour marcher, bivouaquer pour bivouaquer, en oubliant que je vis un rêve, un expérience concrète d'un rapport à moi-même et au monde. J'y un vois une démarche simple et naturelle, et également - celle que je peux oublier - forte et poétique. Des choses m'aident à me reconnecter à cette dimension : rêver sur une carte ; me voir de haut marcher dans un paysage et m'imaginer traverser ainsi des pays et tant de lieux uniques et variés ; et également recevoir le regard des autres, répondre à la curiosité des gens et raconter ce que je fais, comment je vis. C'est devenue une habitude mais pas une routine, c'est toujours un échange unique qui m'apporte à chaque fois un petit quelque chose. J'offre ce que je peux à mes deux colocataires : une tisane, un reste de génépi, ma dernière bougie et mon bivy pour la nuit. Pour une fois que c'est moi qui peut rendre service matériellement et faire plaisir.

Après cette pause nécessaire, je descends à Cortina d'Ampezzo où je ne m'éternise pas au milieu du flux incessant de voitures de luxes et de SUV qui ne rentrent même plus sur les places de parking. J'ai beau le savoir et avoir l'habitude d'en être témoin, je ne deviens pas moins sensible au constat qu'on continue de fabriquer des voitures toujours plus grosses et puissantes, que de posséder de tels engins est toujours signe de "richesse" et de "réussite", est toujours désiré, reste l'objectif d'un bonheur aussi futile qu'illusoire, reste toujours notre système de valeurs. Ce jour-là, je peine à trouver un bon spot de bivouac, c'est à dire avec une vue et pas au bord de la route. Je comptais m'arrêter tôt mais pousse toujours plus loin, irrité par le bruit des motos et des voitures qui résonne sans cesse. Eux ont beau circuit avec du goudron tout neuf, moi je fais du hors-piste entre routes et forêts. À cette altitude c'est le monde à l'envers. Je pourrais dormir en pleine forêt mais je persiste à vouloir une vue pour la soirée même écourtée. Je repère une clairière sur ma carte où il semble ne pas y avoir de bâtiments. Allez je tente ma chance. En arrivant je suis surpris d'y découvrir plein de grandes tentes canadiennes, je pense immédiatement à un camp scout. Je me vois déjà partager la soirée avec eux, excité de ce moment imprévu et inconnu qui s'annonce. En fait il n'y a absolument personne. Ils sont peut-être en sortie, je me lave à l'eau d'une source aménagée en attendant leur probable retour pour la soirée. Tout de même, il y a de sacrées installations pour un camp scout : un immense banquet couvert sur dj parquet, des luminaires, de grands barbecues, etc. Personne ne vient, et visiblement personne ne viendra. J'ouvre alors quelques tentes et y découvre dans chacune d'entre elles deux lits avec draps et couettes, tables de nuit et électricité. En remontant les câbles électriques je tombe sur le groupe électrogène à l'écart du campement pour éloigner le bruit. Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Cela ressemble à une installation pour une fête luxueuse type mariage dans la forêt, format camping de luxe. Je cherche sur internet le nom inscrit sur l'une des tentes et découvre le concept de glamping, contraction des mots glamour et camping, "pour ceux qui aiment la liberté qu'offre le camping mais ne veulent pas faire de compromis en ce qui concerne le confort de leur maison" (citation du site de l'entreprise en question). Aucune limite, tout ça pour une soirée, à un prix astronomique, pour se donner l'impression d'une expérience nature. Ma curiosité me fait trouver un stock d'eau minérale luxueuse en bouteille (on ne va pas boire l'eau de la source tout de même) et de bouteilles de bières. J'ai ma soirée : je prends une chaise et deux bières, je m'installe confortablement et m'allume un bon feu. Je passe ainsi la soirée devant mon feu et sous les étoiles, à manger et siroter des bières tout en écoutant FIP sur mon téléphone, un pur moment de détente. Je dors ensuite dans une tente sur l'un des lits (dans mon sac de couchage tout de même), voilà mon kiff à moi ainsi qu'une compensation symbolique et insignifiante de ce que je subis du tourisme des Dolomites.

Je passe ensuite par le lac de Misurina qui me semblait épargné sur la carte mais qui baigne tout autant dans ce flux de véhicules et est bordé par de grands hôtels-restaurants presque mitoyens. Comme j'ai besoin de pauses même courtes dans ma journée, je parviens à me créer une micro-bulle de paisibilité au bord du lac, en regardant des canards plonger le bec dans l'eau et montrer leur croupion face au ciel - je trouve ça toujours aussi amusant - puis en me berçant par la vision du vent qui souffle des graminées sur une tourbière flottante au milieu du lac. Bon, c'est reparti. Je passe à l'épicerie dont je fais trois fois le tour déboussolé par les prix, et me résigne à acheter un saucisson "Special Südtirol" avec de la viande "Origin: extra-UE" ainsi qu'un sachet de flocons d'avoine, avec ce qui me reste ça fera l'affaire jusqu'au prochain ravitaillement. Je dois encore marcher sur la route et laisser passer les voitures, je croise un camping avec de la techno diffusée à fond sur des enceintes, un autre ou un type crie en continu dans un micro pour un jeu-concours, histoire d'être sûr de ne pas pouvoir entendre un seul oiseau entre deux voitures. Je monte enfin dans la dernière partie des Dolomites, celle des célèbres 'Tre Cime di Lavaredo' que je redoute à présent. Comme il se fait tard, je ne croise plus personne et je trouve une petite grotte dans une vallée encaissée pour passer la nuit. La vue est belle. Je pourrais presque oublier de quoi je suis entouré si je n'entendais pas en continu le bruit du groupe électrogène d'un refuge plus loin qui est une vraie centrale électrique, le bruit des drones des gens qui dorment dans ce même refuge, ainsi que le bruit des avions réguliers qui viennent déverser ces flots humains à l'aéroport de Bolzano. J'ai des acouphènes ce soir, je ne sais pas si c'est d'avoir été exposé ou bruit et/ou d'avoir été énervé toute la journée.

Bon, je me plains d'être ici et de ce que j'y vois, mais j'ai choisi mon itinéraire et me suis jeté dans la gueule du loup. Manifestement, je veux sortir d'ici le plus vite possible car j'en ai marre d'être énervé ainsi et de me sentir misanthrope. Alors le lendemain je me lève tôt et marche d'un pas énergique toute la journée avec juste quelques courtes pauses, et fais presque en une journée ce que je prévoyais en deux. Je m'approche du bouquet final des Dolomites : les 'Tre Cime di Lavaredo', ces trois sommets rocheux emblématiques que l'on voit sur toutes les cartes postales. Le matin j'arrive au refuge et au parking principal. Je comprends que je suis à un endroit clé du tourisme mondial. Nous sommes à 2300m d'altitude avec une route et des infrastructures pour accueillir plusieurs milliers de personnes par jour. Des cars de différentes nationalités viennent amener et ramener des groupes de touristes. Franchement, je ne vois presque pas un sourire, et je ne souris pas du tout moi non-plus. Ici est un des lieux de la planète ou l'on vient en avion de partout (enfin principalement des États-Unis, du Canada, de Chine, d'Australie et des pays riches européens) marcher cinq kilomètres pour se prendre en photo devant les Tre Cime et repartir. Une antenne téléphonique a d'ailleurs été installée pour pouvoir partager ses clichés sur internet sans devoir attendre d'être de retour à l'hôtel. On est dans un aéroport, et de mon ressenti les gens ont l'air plus stressés qu'apaisés, plus dans l'inconfort d'être là dans la foule que dans une chambre d'hôtel ou chez eux, et l'attention davantage dirigée vers le téléphone que vers la montagne qui n'est toujours là que comme un poster sur lequel on jète bref un coup d'œil. Je m'insère dans la longue file indienne en direction du Tre Cime. Ces cinq kilomètres pour aller au lieu-dit des cartes postales ont l'air bien éprouvants pour beaucoup des gens qui sont là. À nouveau je vois des équipements entiers de vêtements techniques, sac-à-dos et bâtons de marche flambant neufs, dont je pense propable que certains ont été achetés juste pour l'occasion et ne resserviront pas. Si l'on applique mon calcul simple de prix de revient par jour ou par kilomètre, je suis curieux de connaître le prix de l'investissement. Comme s'il était nécessaire d'avoir du tel matériel pour marcher cinq kilomètres sur une piste lisse et assez large pour plusieurs personnes. Je ne peux m'empêcher de constater que presque tout le monde n'utilise en réalité pas ses bâtons et a le sac-à-dos mal réglé. C'est un peu comme avoir un vélo de course haut de gamme en carbone pour rouler avec des pneus sous-gonflés et sans jamais huiler sa chaîne, ça ne sert à rien. On est vraiment trop riches pour faire n'importe quoi comme ça. C'est ce qui m'affecte en réalité. Que je passe quelques jours désagréables, ce n'est pas grave du tout. Cela fait partie de mon aventure, je traverse les lieux tel qu'ils sont, j'ai vu des endroits somptueux et j'en verrai d'autres, j'ai vécu des moments éprouvants et j'en vivrai d'autres. Mais être spectateur d'un tel tourisme de masse, de ce qu'il consomme en ressources, de son saccage sur l'endroit, et pire encore de la philosophie et des valeurs sous-jacentes qu'il représente, cela m'énerve et me désespère de façon insupportable.

Ce tourisme est promu, autorisé, encouragé. La première fois que j'ai entendu "non la montagne ne doit pas être accessible à tous", cela m'a bousculé. Je trouve l'idée louable d'œuvrer à rendre plus accessible cet univers pure et riche à celles et ceux qui, pour diverses raisons, n'y ont pas accès ou pas l'habitude. Les cabanes ou les bivaccos par exemple permettent à plus de gens de passer une nuit en montagne, ou simplement font office de prétexte pour s'y rendre, c'est plutôt positif. Mais créer de plus en plus d'infrastructures pour rendre la montagne ou la nature soit-disant accessibles à tous, c'est juste laisser libre court à la loie du marché et ne pas rendre la montagne accessible à tous mais aux plus riches, et cela me semble pire et bien plus élitiste qu'une discrimination par la capacité physique ou le besoin de confort. Accessible et possible à tout prix, sans limites, sans contrainte juridique ou éthique, car cela est favorable à l'économie de la région et nous ferait du bien, voire deviendrait un droit, une nécessité comme la santé ou l'éducation. Et si l'on faisait pareil avec les fonds marins par exemple ? Il n'est pas normal qu'ils soient accessibles uniquement aux gens qui font de la plongée après tout, moi aussi je veux pouvoir les voir pour me dire "comme la nature est belle". Alors on pourrait construire de grandes structures en verre pour rendre les fonds marins accessibles à tous, puis on pourrait y construire de grands restaurants et hôtels avec vue sur les poissons, cela ne serait plus financièrement accessible à tous mais rapporterait beaucoup d'argent, alors pourquoi s'en priver ? Non, c'est bien que les fonds marins restent accessibles qu'à celles et ceux qui font de la plongée. Et si l'on ne veut ou ne peut pas en faire, c'est pas grave, ce ne sont pas les belles choses qui manquent. Les Dolomites sont quand à elles saccagées avec arrogance et vanité, pas du tout visitées comme observateur humble et respecteux. C'est un parc d'attraction où toute démesure est permise. Une chance pour les investisseurs : il n'y a pas eu à construire le parc d'attraction, il était déjà là, il y a juste à construire les infrastructures et promouvoir ce lieu exceptionnel qu'il faut absolument voir une fois dans sa vie. On vend ce qui ne s'achète pas, alors on s'en éloigne de plus en plus et nous oublions ce qui est accessible gratuitement. Pour consommer ce rêve promis, on tape allègrement dans notre précieux budget carbone dont on se fout royalement, cela aussi est autorisé et encouragé. Les infrastructures, les voitures, les magasins, les refuges alimentés par des héliportages continus, tous les biens de consommations, et surtout les vols en avion pour venir quelques jours dans ces Dolomites. Quand j'échange trois phrases avec quelqu'un j'entends des choses comme "On vient des US passer une semaine dans les Dolomites et dans un mois on revient une semaine faire l'Islande", ou "je marche trois jours ici et j'irai finir la semaine me reposer en Croatie". Un aller-retour transatlantique en avion représente au moins le budget carbone annuel d'un humain pour respecter les accords de Paris. Ne pas respecter les accords de Paris et un réchauffement plafonné à 1,5 ou 2°C, ce qu'on s'acharne à faire et qui est aujourd'hui déjà inévitable, c'est par exemple 74% de la population mondiale exposée à des canicules potentiellement mortelles avant la fin du siècle, ou encore 500 millions de déplacés climatiques d'ici 2050, c'est à dire la famine et la guerre. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait, solidement étayé.

Au fond l'utopie est du côté de ceux qui s'obstinent à penser qu'un tel système néoliberal est juste et souhaitable, et qu'il possible de continuer à suivre une croissance économique qui nous échappe déjà grâce à une transition énergétique. L'utopie est du côté du pouvoir et de la pensée dominante. Penser sérieusement à côté est largement moqué et denigré. Des slogans comme "protect our planet", "enjoy the nature" ou "green futur" que j'ai vu sur les cars climatisés et les enseignes des refuges, tout comme des idées de science-fiction comme "croissance verte" ou "demain l'hydrogène", suffisent à camoufler une réalité qu'on refuse de regarder en face par ignorance ou dénis, je crois aussi par stupidité et irresponsabilité, car cela nous obligerait trop à bouger les meubles de notre maison. Certain•es prétendent que voyager ainsi est nécessaire pour découvrir de nouvelles cultures ou s'émerveiller devant la beauté du monde, et donc pour notre développement personnel. Même en omettant les implications climatiques d'un tel tourisme, son accessibilité à en réalité une faible proportion privilégiée de l'humanité, et de toute façon son existence récente et bientôt finie qu'on se fiche du climat ou pas, j'ai envie de répondre : vraiment ? Autour de moi dans les Dolomites, qui s'est adressé la parole, qui s'est rencontré ? Qui a découvert quelque chose de l'Italie ? On ne se salue même pas en disant "Ciao" mais "Hello", voire on ne salue plus du tout comme en ville. Nous sommes en zone internationale hermétique à l'Italie. Qui a vécu une expérience humaine ici ? Et qui a vraiment découvert la montagne, qui a vraiment été attentif et touché par cet environnement, sa géologie, sa faune ou sa flore ? Qui sait où nous sommes vraiment, se situer sur une carte, à quelle altitude nous sommes, quels sont les sommets en face ? Qui s'est arrêter observer une fleur, un insecte ou un oiseau, écouter leur bruit ? Sans les reconnaître, juste les regarder ou les écouter. Qui saurait même dire si les forêts traversées par la route pour venir jusqu'ici étaient composées de conifères ou de feuillus ? Qui a regardé la lune hier soir ? Qui sait à quelle heure elle se lève en ce moment, où en est-elle dans son cycle ? Sommes-nous vraiment entrain de rencontrer et de découvrir ? Sommes-nous vraiment entrain de cultiver notre altérité, notre intérêt pour le monde et notre sensibilité ? Il serait pourtant nécessaire de venir ici pour profiter de ce bien commun inaliénable. Il n'y aurait pas d'autre possibilité pour découvrir la montagne que de venir de l'autre bout du monde dans l'endroit réputé le plus grandiose des Alpes, afin de marcher ces cinq kilomètres du parking aux Tre Cime. Non, en plus d'être mégalomane, destructrice et écœurante, l'expérience promise est une arnaque. Je crois qu'en réalité personne ne vit vraiment une expérience humaine, cultive un quelconque rapport au monde ni ne ressent une émotion en étant dans ce décors, car cela ne s'achète pas. Nous nous sommes habitués à que tout soit accessible si on l'achète, en oubliant que les émotions et bien d'autres choses ne s'achètent pas. C'est dommage car il ne suffit pas de dépenser pour avoir, il faut apprendre, tenter, échouer, douter, et aucune promesse que ce que l'on désire soit au rendez-vous. Mais c'est aussi tant mieux, car tout ce qui ne s'achète pas est accessible, gratuit, et c'est à nous de le découvrir, pas sans effort. Apprenons à rencontrer nos voisins que nous ne connaissons pas, qui recèlent d'une diversité culturelle bien supérieure, d'histoires de vie, de visions du monde, de surprises et d'enrichissements mutuels. Allons découvrir la forêt à côté de chez nous dont nous sommes aveugles, apprenons à être attentifs aux plantes, arbres, insectes, oiseaux qui la peuplent, même sans savoir les identifier, juste en plongeant dans les merveilles autour de chez nous, plutôt que de devoir désirer toujours plus pour espérer ressentir une petite émotion. Découvrons notre région et notre pays avant d'aller chercher un dépaysement commercial à l'autre bout du monde. Tout cela ne s'achète pas même si ça ne nous plait pas, et c'est tant mieux. Imaginer tout ce que l'on peut vivre d'accessible et de par essence gratuit, en admettant que la limite est nous-même, est grisant en réalité. Car nous pouvons alors décider de travailler à franchir petit à petit nos limites et découvrir un monde, peut-être, ou un autre que celui qu'on imaginait. Bien souvent il n'y a rien à perdre. Nous nous sommes habitués à travailler seulement pour l'argent, puis dépenser cet argent nous rendrait tout accessible. Pourtant il y a beaucoup de choses qui nécessitent du travail pour les vivre, et c'est tant mieux. Que ça nous plaise ou non, qu'on se fiche du climat ou pas, et même si aller passer une semaine de vacances à Chypre, à Marrakech ou dans les Dolomites peut être sympathique si on en a le privilège, on va devoir s'en passer. Alors autant l'accepter et apprendre à vivre des vacances ou des aventures autrement, et que cela ne s'arrête pas simplement aux vacances. Décider aujourd'hui par exemple de limiter les vols touristiques ou encore de plafonner la taille des voitures est pointé du doigt comme extrémitiste et liberticide. Mais franchement dans cette situation, qui n'est pas radical n'est pas sérieux. Je trouve plutôt que ce genre de décisions ne représenteraient pas une solution mais plus du bon sens honnête et responsable par lequel il faudrait commencer, avant de s'atteler à la question plus complexe de ce que nous voulons et de comment on s'y prend. Lorsque je pense au peu du budget carbonne qu'il nous reste, à comment réorganiser une société entièrement fondée sur les énergies fossiles à présent en décrue, et aux conséquences du réchauffement climatique, je me soucis davantage de comment maintenir et élargir l'accès à la santé, à l'éducation et aux droits sociaux, qu'à la manière de s'accrocher de façon capricieuse à nos privilèges de riches.

Honnêtement, depuis mon départ du détroit de Gibraltar, les Dolomites sont le pire endroit où j'ai été. Je préfère marcher en Castille-et-León au bord des champs de blé soufflés par le vent, échanger deux mots avec un fermier et voir un chevreuil en fin de journée. Même monotone, j'y vois avec intérêt une réalité du monde. Les Dolomites n'existent plus. Comme le désert des Bardenas en Espagne, et j'imagine comme le grand canyon aux États-Unis, la rainbow mountain en Bolivie, le mont Fuji au Japon et plein d'autres lieux incroyables, ils ont été sacrifiés. Non, faire de ces lieux des parcs d'attraction accueillants des milliers de visiteurs par jour n'a rien de bon et rien de beau. Le monde regorge de merveilles, dès le pas de notre porte. À nous d'apprendre à les reconnaître et à faire leur connaissance, à être plus attentif, plus humble et plus respectueux. Pouvoir aller partout à n'importe quel prix n'est pas un droit. Personnellement ça me va de m'intéresser et de rêver à des endroits où j'irai peut-être un jour à pieds, à vélo ou qui sait en bateau si je m'en donne les moyens, ou certainement pour la plupart où je n'irai jamais. Je saurai simplement qu'ils existent, m'y intéresserai autrement et continuerai à en rêver, et c'est très bien comme ça. Ce n'est pas le potentiel de découvertes et d'émerveillement qui manque J'aimerais cependant nous sentir plus nombreux à souhaiter un inversement de nos valeurs. J'aimerais que nous devenons majoritaires à voir les gens au volant de leur grosses voitures comme des imbéciles arrogants, comme des ploucs ou des délinquants comme le dit le philosophe Aurelien Barrau (https://youtu.be/i1cv7lqlua8?feature=shared ; https://youtu.be/WcVbRA3AXJc?feature=share ), car c'est vraiment ce que je pense. Là serait le début fertile d'une révolution des valeurs et d'un changement de cap, pas une optimisation futile de détails techniques. Sinon je ne me veux sincèrement pas jugeant envers les milliers de touristes dont je fais partie ce jour-là, malgré la colère et l'exaspération que cela me procure. Par ailleurs si nous ne décidons pas collectivement et délibérément de nous en priver, je trouve tout à fait compréhensible de continuer à jouir de nos privilèges, car cela ne changera pas la face du monde.

Navré si ce texte était trop long, désagréable ou moralisateur. Je tenais à exprimer mon point de vue que j'avais bien avant cette marche, et qui ne fait que se renforcer face à la réalite. Quand on me demande "pourquoi tu marches ?", je suis capable d'énumérer un certain nombre de raisons, puis reponds aussi que je ne sais pas, que si je connaissais toutes les raisons ce ne serait plus la peine de le faire, et que nombre d'entre elles sont à découvrir sur la route ou même peut-être plus tard. Parmi celles que j'essaye d'accueillir en chemin, il y a celle de vouloir transmettre un message politique, celui que je viens d'écrire à partir de mon passage dans les Dolomites. Plus qu'un message et qu'une vision que je souhaite exprimer, il y aussi une démarche parallèle à laquelle je crois et que je souhaite promouvoir à mon échelle. Pour ne pas juste exprimer cette démarche par la pensée et des mots, je l'illustre par mon expérience concrète et réelle, afin que la pensée et l'expérience s'articulent pour former un témoignage, une histoire vraie à laquelle j'espère donner une profondeur qui peut résonner.

- Suite et fin du récit -
Je ne passerai pas par le fameux lieu d'où l'on peut admirer les Tre Cime, je n'en apprécierai rien. Je m'extrais de la file indienne et passe par l'autre face de ces sommets sur un sentier moins fréquenté. Mes pas et mes bâtons avalent le sentier de façon très efficace. J'enchaîne les refuges sans m'y arrêter, sauf au dernier où je demande une information. Mon tracé me fait passer par une portion de cinq kilomètres à flanc de falaise qui ressemble à une via ferrata. Si cette section nécessite d'avoir un équipement spécial (harnais, mousquetons, cordes), cela ralongera considérablement mon itinéraire. On me dit qu'il s'agit bien d'une via ferrata et qu'il faut être équipé, puis que certains le font sans équipement mais que c'est dangereux. Mince mince mince, et en même temps ce genre d'information est très subjective. Je me dirige vers l'endroit en question et demande aux gens qui viennent de faire la via ferrata dans l'autre sens. On me répond qu'effectivent certaines personnes le font sans, mais qu'il est très préférable d'avoir harnais et mousquetons. Je me sens stressé, et décide de m'approcher en mobligeant à faire demi-tour dès que je juge un passage trop risqué. Là je dois être auto-discipliné avec cette règle car le détour ne se compterait pas en heures mais en jours. Finalement je demande une dernière fois à trois dames qui me répondent qu'il n'y a aucun soucis, que le chemin est large et qu'elles n'ont même pas eu à se servir de leur équipement. Voilà qui me rassure ! Effectivement, il s'agit d'un généreux sentier taillé dans la falaise avec une main courante tout le long rarement nécessaire, et quelques passages où il faut mettre les mains. Juste de quoi avoir de bonnes sensations sans s'inquiéter. Je croise les derniers qui finissent la via ferrata, équipés de la tête aux pieds avec du matériel loué, dont certains me disent être frustrés d'avoir louer tout ce matériel inutilement. Je me retrouve seul en cette fin d'après-midi et là c'est mon moment à moi. J'oublie de quoi je suis entouré et apprécie la beauté de là où je suis. La via ferrata est très agréable à parcourir, l'éclairage de fin de journée rend le moment captivant, j'entends enfin les oiseaux dont le chant résonne sur la falaise, je m'arrête souvent faire des photos et vois le coucher de soleil depuis le col final avant de redescendre sur l'autre versant. La descente est plus délicate dans les graviers et la main courante est là indispensable. Je perds un moment le chemin et dévale un pierrier de graviers comme si j'étais dans la neige. C'est un peu casse-gueule, ça use les semelles, mais c'est fun. Je retrouve le sentier et arrive de nuit au spot de bivouac visé : un lac finalement asséché qui a laissé un parterre de sable fin traversé par un ruisseau sinueux, c'est très mignon. Je me lave immédiatement dans le ruisseau dont l'eau vient du glacier juste au-dessus (ça fait frais) et installe mon bivouac. Là aussi je suis bien et profite juste de ce qui est autour de moi : un beau cirque de falaises, ce ruisseau, une herbe confortable, et les étoiles. Ces 20km avec 2200m de D+ et D- dont la via ferrata ont été une sacrée journée. Je suis content d'être arrivé ici, d'avoir pris ces décisions, et d'être là allongé dans l'herbe au chaud dans ma doudoune à regarder les étoiles filantes. Comme visiblement personne ne bivouaque dans les Dolomites, que l'extérieur des refuges est éclairé la nuit, et qu'il faut attendre en fixant le ciel pour les voir, je me demande s'il est possible que je sois le seul à ce moment-là à observer les étoiles filantes dans les Dolomites. Comme elles ne s'achètent pas, on a peut-être oublié qu'elles existent.

Après avoir longé l'autoroute pour quitter Bolzano, je marche une journée pour rejoindre les Dolomites.
Après avoir longé l'autoroute pour quitter Bolzano, je marche une journée pour rejoindre les Dolomites.
Des tranchées de la première guerre mondiale.
Des tranchées de la première guerre mondiale.
Réveil de bonheur dans ma grotte.
Réveil de bonheur dans ma grotte.
J'arrive au parking des Tre Cime qui accueille des milliers de touristes par jour, l'apogée du tourisme de masse international dans les Dolomites.
J'arrive au parking des Tre Cime qui accueille des milliers de touristes par jour, l'apogée du tourisme de masse international dans les Dolomites.
Un hôtel-restaurant sur un sommet à 3000m où on accède par téléphérique, n'est-ce pas un brin mégalo ?
Un hôtel-restaurant sur un sommet à 3000m où on accède par téléphérique, n'est-ce pas un brin mégalo ?
Ces gens font la queue avec leur drone pour se filmer courir sur ce petit chemin, se retourner pour enfin écarter les bras devant le paysage. Chacun enchaîne la même chorégraphie et laisse la place au suivant.
Ces gens font la queue avec leur drone pour se filmer courir sur ce petit chemin, se retourner pour enfin écarter les bras devant le paysage. Chacun enchaîne la même chorégraphie et laisse la place au suivant.
Après une longue journée dans ces Dolomites que je veux fuir, je me retrouve seul dans cette via ferrata en fin de journée, où là je passe un super moment.
Après une longue journée dans ces Dolomites que je veux fuir, je me retrouve seul dans cette via ferrata en fin de journée, où là je passe un super moment.
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